L'emploi dans le secteur médical au sein de l'Union européenne devrait connaître une croissance pour atteindre les 24 009 000 employés d'ici 2025, alors même que plus de la moitié des effectifs sanitaires actuels devraient soit partir à la retraite, soit quitter le secteur pour une autre raison, ce qui chiffre à 11,6 millions le nombre d'ouvertures de postes, un niveau supérieur à celui de toutes les autres branches. Ces statistiques font du secteur de la santé l'un des plus importants pourvoyeurs d'emplois en Europe.
L'époque sans précédent que nous traversons met le doigt avec vigueur sur la nécessité impérieuse de dispose d'un système de santé robuste. Aujourd'hui plus que jamais, nous prenons conscience des implications que peut avoir la pénurie de personnel de santé sur notre bien-être et même notre survie.
Dans des conditions normales, il est déjà indispensable, pour garantir la qualité des soins, de disposer de professionnels possédant les compétences requises, au bon lieu et au bon moment. Face à une crise sanitaire d'une telle ampleur, il est d'autant plus crucial de disposer d'employés qualifiés et en nombre suffisant grâce à un recrutement rapide et efficace des ressources humaines. La pénurie de main-d'œuvre qualifiée dans ce secteur trouve son origine dans une pluralité de facteurs : personnel de plus en plus âgé, hausse de la demande dans les services de santé, mutation technologique du secteur, ou encore l'apparition de nouveaux modèles de soins, qui complexifient la recherche et le maintien en poste des professionnels de santé.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que les déséquilibres et les pénuries de main-d'œuvre caractérisant le secteur médical constituent une préoccupation majeure dans la région européenne. Bien que le nombre de médecins et de personnel infirmier y ait généralement augmenté d'environ 10 % au cours de ces 10 dernières années, il est peu probable que cette croissance sera stable et suffisante pour couvrir les besoins des populations vieillissantes. Les travailleurs de la santé doivent impérativement posséder la bonne combinaison de compétences pour garantir une prestation à la fois efficace et efficiente.
L'OCDE signale en outre que l'emploi dans le secteur de la santé devrait probablement continuer à augmenter. Toutefois, la répartition entre les compétences et des rôles des travailleurs médicaux devrait connaître des changements, en grande partie à cause du vieillissement de la population. Les nouvelles technologies médicales sont également à l'origine de transformations rapides du secteur, dont il n'est encore guère aisé de prévoir l'évolution et l'incidence. Des progrès technologiques sont attendus dans le domaine des technologies de l'information : ainsi, les Big Data, l'automatisation et l'intelligence artificielle pourraient générer une demande en faveur de nouvelles spécialités ou compétences pour les travailleurs de la santé (OCDE, 2019).
Le secteur de la santé englobe les activités des hôpitaux, des cabinets médicaux généralistes ou spécialisés, des cliniques de santé, des laboratoires médicaux et de la dentisterie. Il comptabilise les travailleurs qui fournissent principalement des services médicaux, comme les professionnels de la santé (médecins, personnel infirmier, sages-femmes, ambulanciers paramédicaux, pharmaciens et dentistes), les professions médicales intermédiaires, les professionnels de santé publique, le personnel de gestion de la santé, ainsi que les personnels administratifs et de soutien. De nombreuses personnes travaillent en outre indirectement pour le secteur de la santé, comme les employés des industries de la santé et des services de soutien, de l'industrie pharmaceutique, du secteur des appareils médicaux, de l'assurance-maladie, de la recherche sanitaire, de la télémédecine ou encore de la médecine du travail.
D'après L'OMS, le secteur de la santé doit s'adapter aux changements rapides afin de fournir des soins continus et coordonnés axés sur le patient. La prestation des services de santé fait face à une demande croissante du public en termes d'accès et d'utilisation des nouvelles technologies, à laquelle s'ajoute des médicaments et modèles de soins nouveaux, ainsi que des attentes plus élevées en matière de qualité et de sécurité des soins.
Les systèmes sanitaires sont également confrontés au vieillissement de populations atteintes de facteurs de comorbidité multiples, à l'émergence ou la réémergence de certaines pathologies, ainsi qu'au poids des maladies chroniques. Du fait de la mondialisation, les exigences de santé et de contrôle dépassent aujourd'hui les frontières. Le changement climatique affecte les profils et la propagation des vecteurs épidémiologiques en Europe, tandis que l'usage immodéré des antibiotiques conduit à une résistance antimicrobienne accrue. La tuberculose multirésistante constitue à cet égard l'un des exemples les plus frappants en matière de maîtrise des maladies.
D'après le rapport analytique sur le secteur médical publié par Skills Panorama en 2014, la prévision du taux de croissance de l'emploi dans cette branche est beaucoup plus élevée (+8,1 %) que le niveau d'emploi global au sein de l'Union européenne (+3,3 %) entre 2013 et 2025, ce qui devrait déboucher sur une hausse nette de 1,8 million d'emplois. En termes absolus, plus de 300 000 nouveaux emplois devraient ainsi être créés en France, en Italie et au Royaume-Uni. La plupart d'entre eux devraient concerner principalement des professions non liées à la médecine en soi.
En outre, plus de la moitié des effectifs sanitaires actuels de l'Union européenne devraient soit partir à la retraite, soit quitter le secteur pour une autre raison entre 2013 et 2025, ce qui chiffre à 11,6 millions le nombre d'ouvertures de postes, c'est-à-dire des besoins plus élevés que dans toutes les autres branches. Enfin, les modifications du mode de prestation des services de santé pour répondre aux besoins de la population européenne vieillissante et refléter une plus forte spécialisation conduisent à l'apparition de nouvelles attributions et à la remise à niveau des professions de santé existantes.
L'OMS estime que la capacité des systèmes de santé à fonctionner et répondre de manière appropriée aux nouveaux défis est fortement tributaire de la disponibilité de travailleurs possédant des compétences adéquates, employés en nombre suffisant, affectés dans les lieux qui en ont besoin, et travaillant dans un environnement à la fois motivant et protecteur.
Dans son rapport intitulé « Global Strategy on Human Resources for Health: Workforce 2030 », l'Organisation mondiale de la Santé souligne d'une part l'impact économique positif du personnel de santé, mais également l'urgence de relever les différents défis liés à cette main-d'œuvre : pénuries, déséquilibres, discordances entre les modèles de formation et les besoins en matière de santé, ou encore problèmes de productivité.
Il est donc essentiel de renforcer la main-d'œuvre en assurant la disponibilité d'un nombre suffisant de travailleurs médicaux possédant les compétences et la motivation nécessaires pour délivrer des services aux populations. Ainsi, seulement, les systèmes de santé seront-ils à même d'atteindre les objectifs sanitaires fixés.
Comme l'indique la Commission européenne dans son rapport sur le recrutement et le maintien en poste des effectifs sanitaires, de nombreux pays éprouvent des difficultés à recruter et retenir leur personnel de santé, ou encore à équilibrer les effectifs et les compétences appropriées dans les zones géographiques concernées pour répondre à l'évolution des besoins des populations et des systèmes de santé. Si l'on ajoute à cela la hausse de la demande en matière de soins, ces problèmes n'en deviendront que plus pressants. La main-d'œuvre dans le secteur médical régresse et de nombreux employés atteignent l'âge de la retraite, ce qui risque de mettre en danger la viabilité future des systèmes de santé et l'accès aux soins dans l'espace européen.
Toujours selon ce rapport, il existe des facteurs clés pour soutenir et optimiser le succès des interventions de recrutement et de maintien en poste dans le secteur de la santé en Europe. Un recrutement et un maintien en poste plus efficaces permettent non seulement de réduire les coûts de la dotation en personnel, mais ils préservent également la qualité des services sanitaires. En revanche, les taux de rotation élevés du personnel réduisent la disponibilité et la continuité des soins, et constituent un obstacle à la création d'équipes soignantes stables, d'où un impact négatif conjugué sur la qualité et le coût des services.
Les études montrent que la résolution des problèmes de recrutement et de maintien en poste dans le secteur de la santé peut passer par de nécessaires revalorisations salariales, des incitations financières et un renforcement des possibilités de formation, systèmes informatiques, infrastructures et équipements de recherche et développement. Quoi qu'il en soit, cet investissement est potentiellement générateur de dividendes en termes de réduction des coûts de rotation du personnel et d'amélioration des résultats de santé.
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